GROSSE 1836

AMANCE, localité célèbre dans les fastes de notre histoire de Lorraine. C'était autrefois un bourg, et maintenant un village de mince importance, élevé sur le sommet d'une montagne dont le pied est baigné par l’Amesule[i]; à 13 kilom. (2 lieues ½ ) de Nancy, chef-lieu du canton et de l'arrondissement. Sa population est réduite à 560 individus, dont 55 électeurs et 12 conseillers municipaux. Surface territ. 1427 hect. , qui sont ainsi partagés : 818 en bois, 368 en terres labour., en prés 123 et 102 en vignes qui ont une certaine réputation. Amance compte plusieurs écarts, dont les principaux sont : Lafourasse[ii] cense à 1 kilom., et Fleure-Fontaine[iii] où se trouve une belle maison de maître, 4 feux et environ 20 individus, à l kilom. du village. Il y a aussi, sur le territoire de cette commune, trois carrières de pierres, un four à chaux et une tuilerie. Lettres par Nancy, dont Amance suit également les mesures.

Amance est très ancien; la tradition prétendait que c'était la plus ancienne ville de Lorraine. Ce qu'il y a de certain, c'est que sa renommée a longtemps précédée celle de Nancy, et Georges Mercator ([1] ) l'appelle Scrinium olim et antiqua Lothariengiae cancellaria. Son château, qui passait pour très important, était pentagone et avait de hautes et fortes tours. Le duc Thiébault y fut assiégé par l'empereur Frédéric II, et obligé de demander merci ; les ducs de Bar en devinrent ensuite maîtres; après avoir été donné aux Vignori, aux comtes de Vaudémont, aux comtes de Rhingrave, la seigneurie d'Amance tomba entre les mains d'une famille de même nom, et enfin elle échut au duc Mathieu de Lorraine qui y établit un de ses enfants naturels. La postérité de ce dernier s'étant éteinte, Amance retourna définitivement an duché de Lorraine et fut compris dans la généralité et bailliage de Nancy par un édit de 1746. La maison de Fénétrange posséda aussi quelques terres sur le territoire d'Amance, qui fut quelquefois ensanglanté par les divisions de nos ancêtres; on y vit deux frères s'y livrer bataille aux pieds de ses murs : en 1205, Amance perdit sa magnifique chancellerie qui fut brûlée.

Tout ce qui reste aujourd'hui de cette ville et de ce château formidable, se borne à une porte et à quelques fossé» à moitié comblés; Le laboureur, en creusant ses sillons, ou eu bêchant sa vigne, rencontre quelquefois des pièces de monnaie et des médailles; voilà la fin de tant de bruit et de gloire. On dit que Charles IV donna la seigneurie d'Amance à la famille de Sureau, dont le chef se distingua en Espagne par sort courage et sa fidélité dans une mission qu'il avait à remplir, mais ce domaine ne lui appartint pas longtemps.

La montagne sur laquelle Amance est construit peut être classée parmi les plus remarquables du département; elle «'élève à une hauteur de 200 mètres, dont la moitié domine le village même; on y jouit d'une vue très-étendue et l'horizon qui s'y déploie forme un spectacle enchanteur. Amance fut longtemps annexe de Dommartin, pour le spirituel, et ce n'est qu'en 1450 que ce bourg fut érigé en cure; l'évêque Pibon apporte pour cause que les habitants d'Amance avaient été de tout temps durs et féroces, en sorte qu'aucun archidiacre ni doyen n'osaient y entrer.

On peut réduire son histoire aux lignes suivantes : possédé par les comtes de Chaumontais aux 8e, 9e et 10e siècles, Amance passa aux comtes de Bar de la première race et ensuite aux ducs de Lorraine; il fut longtemps le chef-lieu d'une prévôté.

Superficie du sol imposable : 823 ha, il y a 527 ha non imposables. Amance possède un garde général des eaux et forêts, un officier de santé et un receveur des contributions indirectes.

Note de l'auteur

[1] Géographie de Georges Mercator.

Notes personnelles

[i] Amezule

[ii] La Fourasse

[iii] Fleurfontaine