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Lay par Dom Calmet Cartulaire

LAY-SAINT-CHRISTOPHIE.

Parmi les titres, assez nombreux, provenant des archives des Bénédictins de Lay-Saint-Christophe, est un volume manuscrit dans lequel se trouvent une Histoire du prieuré de Lay et la copie d’un assez grand nombre de titres concernant ce village. Cette Histoire, dont quelques pages sont de la main de Dom CALMET, a été composée par lui j’en extrairai ce qui me semble le plus digne d’intérêt, et je puiserai également, dans les pièces transcrites à la suite, les documents qui m’auront paru  mériter d’être reproduits ou analysés.

[Lay par Dom Calmet]

Le Pouillé de 1768 ajoute « Le feu roi Stanislas a demandé et obtenu en cour de Rome l’union de la mense[1] prieurale à la maison des Missions royales de Nancy. Depuis la mort de ce prince, l’abbé de Saint-Arnou y a nommé M. Antoine-Charles Rollin, chanoine de la cathédrale de Toul, archidiacre de Vosge et vicaire-général du diocèse »

A la suite de cette histoire du prieuré de Lay, se trouve une espèce de journal, écrit et signé par D. Calmet, et mentionnant toutes les dépenses faites par lui à Lay, de 1715 à 1728, époque où il fut élu abbé de Senones. Voici quelques passages de ce journal :

« 1721. On a réparé l’église, voûté les collatéraux, mis des vitres partout, ce qui coûte environ 4000 livres.

1723. On a fait les quatre cloches qui coûtent environ 2,500 livres.

1724. On a commencé le bâtiment du prieuré, et on a commencé à l’habiter en 1725.

1725. On a fait la seconde aile du bâtiment des religieux.

On a fait la bénédiction de tout le nouveau bâtiment, le 25 juillet 1726.

En 1727, on a construit le grand colombier bâti sur la fontaine de Saint-Cloud.

Depuis le 28 février 1715, que j’ai reçu mes bulles pour le prieuré de Lay, jusqu’au mois de juillet 1728, j’ai dépensé, pour le prieuré de Lay, plus de cent mille livres argent de Lorraine J’ai mis à la bibliothèque pour environ 5 000 livres de bons livres...

La dépense pour les bâtiments seuls, à commencer au 8 août 1723, est 41 776 livres, dans lequel compte n’est compris le colombier et les réparations de l’église »

Le 22 novembre 1746, les Bénédictins de Lay donnèrent procuration à Dom Paul Hautcolas, prieur conventuel, pour passer outre à l’exécution des bulles apostoliques portant réunion des biens dépendant du prieuré à la maison des Missions royales de Nancy, à condition, par celle-ci, de paver annuellement. 2 000 livres aux Bénédictins; de conserver à sa charge l’église du Prieuré et d’y faire toutes les réparations, nécessaires, les religieux se réservant seulement la garde et l’usage de cette église pour faire le service divin ; de donner annuellement aux Bénédictin une somme de 600 livres, et ce pour soutenir l’hospitalité et faire, dans le couvent, l’aumône aux pauvres, etc.

Le cartulaire auquel j’ai emprunté les documents qui précèdent, contient, sous ce titre :

« Droits, rentes et revenus du prieuré de Lay, » l’énumération suivante des redevances seigneuriales qui étaient dues au prieur :

 [Cartulaire]

J’ajouterai, en terminant cette énumération des redevances féodales dues au prieur de Lay, que l’abbesse de Sainte-Glossinde ne jouissait d’aucuns droits seigneuriaux dans ce lieu : c’est donc par erreur que, dons la Statistique, je lui en ai attribué. C’était au village de Leyr, appelé Lay dans quelques anciens titres, qu’elle en possédait.

Outre la seigneurie qui appartenait au prieur de Lay, il y avait encore, dans ce village, une seigneurie foncière appelée la petite seigneurie ou la seigneurie de Saint-Epvre, dont les droits sont. énumérés dans un procès-verbal de plaids[2] annaux tenus, en 1586. au nom de Jean Barnet, conseiller et secrétaire ordinaire du duc de Lorraine. Le seigneur avait droit de créer un mayeur[3], un maire d’échevin et un autre qui était échevin et doyen, lesquels prêtaient serment, devant les officiers du prieur, sur l’autel Saint-Arnou. La justice foncière ne s’étendait que sur les personnes possédant les héritages qui en dépendaient; les appels étaient portés devant la justice du prieur, etc.

Voici maintenant, soit d’après le Cartulaire que je viens de citer, soit d’après les titres des Archives, les autres documents qui concernent le village de Lay-Saint-Christophe.

Les comptes du domaine de Nancy, pour l’année 1544-1545, font mention d’une dépense de 50 florins « que les commissaires de l’aide ordinaire Saint-Remy ont quittés aux habitants de Lay et Eulmont, à cause de la grosse dépense par deux ou trois venues des Espagnols (les troupes de l’empereur Charles-Quint, qui était alors en guerre avec la France). »

Ensuite d’un ancien usage, le jour de la Saint-Christophe, fête patronale de Lay, le prévôt de Nancy se rendait dans ce village, avec les bourgeois de la ville, « en compagnie rangée, pontant enseigne déployée » Après le cri de la fête, fait au nom du duc, le prieur, comme seigneur du lieu, était dans l’obligation de donner un past ou repas, auquel le prévôt invitait qui bon lui semblait, ayant pour désaltérer ses convives un virelis[4] de vin. A leur tour, les jeunes gens de Lay venaient à Nancy le jour de la Saint-Epvre, et avaient droit à la première danse. Cet usage ayant causé quelques abus, le cardinal de Lorraine, en qualité de lieutenant-général du duc Charles III, le supprima, par arrêt du 22 octobre 1590, à charge, par le prieur, de donner tous les ans, le jour de la Saint-Martin d’hiver, un virelis de vin à l’hôpital Saint-Julien de Nancy. (T. C. Nancy 3.)

Il y eut, en 1601, entre le prieur de Lay et Marie de La Ruelle, veuve de Jean Barnet, une transaction par laquelle cette damne se déporta de la prétention qu’elle avait eue de qualifier de fief une grosse maison à elle appartenant, sise à la Basse-Lay, près de l’église paroissiale, et le prieur reconnut le droit qu’elle avait dans la seigneurie foncière, dite de Saint-Epvre. Dans le siècle suivant, les Lefebvre de Saint-Germain et les Canon, héritiers des Barnet, voulurent faire revivre la prétention de Marie de La Ruelle, mais un arrêt de la Cour, du 29 janvier 1723, leur défendit de qualifier de fief leur maison de la Basse-Lay, d’y tenir colombier, de mettre sur la pâture troupeau à part, etc. (Cart. de Lay.) Il est probable que la maison dont il vient d’être parlé est celle qui est qualifiée de maison forte dans un acte de dénombrement donné, le 11 décembre 1669, par Charles Remy, conseiller d’Etat du duc de Lorraine. (T. C. Nancy 4.)

Au XVIIe siècle, le village de Lay avait été affligé de la peste, ainsi que l’atteste le rapport ci-après, adressé à la Chambre des Comptes, le 8 février 1651, à la suite d’une requête par laquelle les habitants de la Basse-Lay demandaient à être exemptés de l’aide Saint-Remy pour l’année 1650:

« Avertissent, disent les commissaires délégués par la Chambre, qu’au mois d’août de l’année dernière, la maladie contagieuse ayant commencé d’affliger les remontrants , ledit village de la Basse-Lay fuit, dès le 17e dudit mois, mis on interdit, et dura cette défense jusqu’au 3e du mois de janvier dernier, qu’ils auraient été mis en liberté. Pendant lequel, temps, qui est de quatre mois vingt jours, se trouvent être mortes audit lieu, de ladite maladie, quelques 54 à 55 personnes, entre lesquelles il y a onze chefs de famille, onze femmes et le reste jeunes gens et enfants, y ayant eu six ménages desquels n’est demeuré que quelques enfants. Les dettes par eux contractées durant ce temps consistent en mille francs qu’ils avaient pris d’emprunt pour nourrir tant ceux qui auraient été envoyés aux loges (les pestiférés) que les pauvres dudit lieu, auquel on ne voulait permettre de fréquenter ni mendier leurs vies, n’ayant iceux autres moyens de vivre que par la vente qu’ils font à Nancy des fruits de leurs jardins »

En 1712, la communauté de Lay était composée de 118 habitants, y compris 7 ou 8 veuves; en 1768, il y avait 200 feux et 500 communiants. Le Pouillé rédigé à cette dernière époque, mentionne, connue existant dons l’église de Lay, une chapelle de Saint-Didier et Saint-Césaire, et une autre de Saint-Roch.

Le prieuré de Lay valait alors 6 000 livres et la mense conventuelle autant. Ses bâtiments, qui étaient considérables, et que D. Calmet s’était plu à embellir, furent vendus en trois lots, comme propriété nationale, le 24 août 1794. A l’acte de vente est joint un très-grand plan de ces bâtiments.

Lay a été érigé en succursale en 1802, avec Pixerécourt pour annexe.

Patron, saint Christophe.

Ce village possède un hospice qui a été fondé en 1847 et doté en vertu d’une clause du testament de M. de Courcelles.

[1] Revenu d'une abbaye.

    Mense abbatiale, le revenu qui est dans le partage de l'abbé.

    Mense conventuelle, le revenu qui est le partage des religieux.

    Mense commune, celui dont l'abbé et les religieux jouissent en commun.

    Mense capitulaire, celle du chapitre.

    Mense épiscopale, la portion assignée à l'évêque dans le partage des biens entre lui et son église.

[2] Audience d'un tribunal.

[3] Maire féodal = représentant du seigneur (cf, maire du palais)

[4]

 

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