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EULMONT. Voici le texte de la charte par laquelle, le 1er mai 1359, le duc Raoul prend sous sa protection et sauvegarde les habitants des villages de Lay et d’Eulmont. « Nous Raoulz, dus de Loheraine et marchis, faisons savoir à tous que nous avons pris et receu, prenons et recevons par ces presentes lettres en nostre sauvegarde et protection et en nostre especiaul conduit, tous les habitans, hommes et femmes et enfans des villes et des bans de Lay et d’Eumont et des appartenances, les dictes villes, les bans et finages[1] d’icelles et tous les biens et chaptelz des dits habitans où qu’ilz soient, toute nostre vie durant, et avons promis et promectons loyaulement en bonne foy à garder et à deffendre et soustenir toute nostre vie durant et encontre tous qui à jour et à droit vouroicnt venir, for que encontre l’abbey de sainct Arnoul de Metz et le priour de Lay tant soulement, tous les habitans, hommes et femmes et enfans des dictes villes et bans de Lay et d’Eumont et des appartenances, lours biens et lours chasteils, par tout où qu’ils soient et seront, jusques à droit. Et pour ceste dicte garde, li devant dis hommes et femmes demorans endites villes et bans randeront[2] et paieront chacun an toute nostre vie durant, au jour de la feste Sainct Martin d’hiver, à nostre commandement, à Nancy, c’est assavoir chacun feu deux soulz et demei; chacun conduit qui ferait waingnaige[3] ne mecterait beste on champ, cinq soulz de petis tournois monnoie coursable en nostre duchief[4]; cil qui waingnaige ne ferait ne beste mecterait en champ, trois soulz et demei de tournois, et li vave femme qui ne ferait waingnaige ne mecterait beste en champ, dons soulz et demei de petis tournois, et si elle faisoit waingnaige ou mectoit heste en champ, elle paieroit autretant comme li waingnours devant dis, et seront levés et recens chacun an li deniers devant dis par le maiour et les eschavins qui pour le temps seront ans dis leus. .. Encor est assavoir que si li devant dis abbé de Sainct Arnoul ou li priours de Loy ou lours successours vouloient presseir ou sermeneir plus qu’ilz ne deussent les dis habitans des dictes villes et bans, nous les devons aidier et sostenir encontre les dis abbey et priour, et tenir en leurs justes saisinnes, franchises et libertez jusques à droit. Et ne seront tenus les dis habitans des dictes villes et bans à faire nulz commandemens de noz prevost, de nos doyens, ne de nos autres sergens ». (Cart. Nancy dornaine.) Par lettres patentes du 28 mars 1570, le duc Charles III affranchit une maison située à Eulmont, et appartenant au sieur Jacques Beaufort, contrôleur des fortifications de la ville de Nancy. Cette maison, dite la franche moîitresse d’Eulmont, appartint successivement à Dianne Beaufort, veuve du sieur Sauxerotte, à Louise de Saubourel, veuve du sieur de Noiron, au sieur de Moléon, puis aux ancêtres d’Emmanuel Héré, contrôleur général des domaines et forêts de Lorraine ; ce dernier obtint de Stanislas, le 14 octobre 1750, des lettres portant confirmation des franchises accordées par Charles III aux propriétaires de la maison dont il vient d’être parlé. Les habitans d’Eulmont eurent à souffrir, à diverses époques, du passage des gens de guerre : en 1544-45 une réduction de 30 florins leur avait été accordée sur l’aide ordinaire Saint-Rémy, ainsi qu’aux habitants de Lay, « à cause de la grosse dépense pour deux ou trois venues des Espagnols. » En 1633, ils sollicitèrent une semblable faveur et produisirent, à l’appui de leur demande, un certificat signé par leurs cure maire et officiers de justice, et dans lequel on lit : « Que les remontrants ont été affligés de la contagion pendant trois mois de l’année présente et qu’à cause de l’armée française qui a campé devant Nancy et se retiré ez viIlages circomvoisins, lesdits remontrants se seraient absentés où mieux ils auraient pu, à cause des divers corps de garde posés en leurs villages, comme voisins du quartier de Champigneules et autres, en sorte que pendant six semaines qu’ils auraient séjourné audit lieu, ils auraient entièrement vidé les maisons, pris et emmené ce qu’ils y auraient trouvé, sans y avoir laissé chose aucune, même endommagé la plupart desdites maisons, èsquelles ils auraient pris les barreaux, vitres, serrures et ce qui leur était propre et dont ils pouvaient faire profit et réduit le tout à un état tel qu’un chacun en est ruiné, du moins la plus grande partie desdits habitants, ne leur ayant pas seulement resté aucun grain ni fourrage, chacun étant contraint de vendre son bétail pour ne le pouvoir nourrir, même la plupart des laboureurs et vignerons contraints de quitter leur labourage et leurs maîtres, et autres de s’absenter tout-à-fait pour la misère et pauvreté à laquelle sont réduits lesdits deux villages, qui jà, l’année passée, furent traités de même par ladite armée. » La dépopulation fut telle que, de 181 ménages qu’il y avait auparavant à Lay et à Eulmont, il n’en restait plus que douze en 1640. En 1712, ce dernier village comptait environ 66 habitants, y compris 22 veuves. La paroisse d’Eulmont, avait, sans doute, comme dépendant de celle de Lay-Saint-Christophe, été comprise dans la donation faite à l’abbaye de Saint-Arnou de Metz, en 959, par la comtesse Eve et par Odalric, son fils. Toutefois, ce ne fut qu’à partir de 1521, que ce village eut une église. L’évêque de Toul le détacha de la paroisse de Lay, le 21 juin 1708, et l’érigea en église succursale. Cette érection, qui fut confirmée par Léopold, le 21 juillet de la même année, provoqua, de la part de Dom CALMET, comme prieur de Lay, un appel en cour de Rome, et il y eut, au sujet de la jouissance des dîmes d’Eulmont, une contestation très vive entre le savant Bénédictin et. le curé du lieu. Dom Calmet rédigea même, à cette occasion, un mémoire dont la minute, écrite tout entière de sa main, nous a été conservée. (Cure d’Eulmont.) Il y avait, dans l’église d’Eulmont, deux chapelles de la Vierge, réunies sous le titre de Notre-Dame-de-Pitié ; elles avaient été fondées par un curé de Lay et par un habitant d’Eulmont, qu’on ne nomme pas. Cette commune a été érigée en succursale en 1812. - Patron, saint Rémy. [1] Terme d'ancienne pratique. Étendue d'une juridiction ou d'une paroisse. Cette maison est dans le finage de telle paroisse. Aujourd'hui il se dit encore, en quelques provinces, de l'étendue du territoire d'une commune.(Littré) [3] gagnage, grange seigneuriale, établissement agricole [4] ayant cours dans notre duché ?? |
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