L'ancien château

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L’ancien château d’Amance. 

Les archéologues s'intéressant au passé de la Lorraine sont souvent contraints de parler de monuments, églises, abbayes ou châteaux, que les événements politiques, les guerres, ou simplement la conjoncture qui fait que les sociétés évoluent, se transforment et se remplacent dans leurs constructions, ont rayé du cadastre. C'est chez nous bien souvent le cas des châteaux : faits pour la guerre, ils ont été exposés à toutes les destructions. L’homme en paix qui a besoin de terrain à planter et de pierre à bâtir a fait le reste : ceci explique cela.

Pour qui s'adonne à l'étude de la société féodale, et l'archéologue est nécessairement un tel homme, un château ne présente pas seulement d'intérêt lorsqu'il existe encore, en plus ou moins bon état, mais aussi quand, une fois disparu et oublié, on peut de nouveau, grâce aux textes, le faire surgir du sol par la pensée. C'est ainsi, et à cette condition seulement, qu'un jour peut-être sera connue la vraie géographie féodale, la vraie physionomie militaire des seigneuries rurales de là Lorraine médiévale.

Le château d'Amance n'existe plus que par son histoire. Il apparut au cours du XIe siècle en cette période où la France se hérissait de donjons, et succédait sans doute, à un lieu fortifié plus ancien, établi, comme c'était l'usage à proximité d'une voie de communication.

Cette voie n'a pas laissé de traces et ne figure pas sur les cartes anciennes. Elle a été mise en évidence, découverte en quelque sorte, par Schram et Albert Grenier. Elle partait de Metz, traversait la Seille entre Port-sur-Seille et Nomeny, croisait la grande voie de Bar à Strasbourg à Sivry et se dirigeait, passant au pied de la colline d'Amance, vers Saulxures-lès-Nancy et Saint-Nicolas-de-Port. Deux portus ou entrepôts, se trouvaient sur son trajet. Tout porte à croire que cette voie était un chemin saunier ce qui donne un sens politique et commercial au choix du site d'Amance comme lieu de défense et de contrôle. Une autre route d'intérêt local, un autre diverticulum, passait probablement aussi au pied d'Amance : en provenance du portus de Saint-Nicolas, elle passait à Cercueil {Sarcofagus), filait vers le nord, laissant Amance à l'ouest, pour traverser la vallée de la Seille et aboutir à Delme {Ad Duodecim). Mais il faut avouer que l'existence de cette dernière bien que plausible, a été établie avec des preuves insuffisantes[1].

Quoi qu'il en soit, il n'est pas douteux que le château d'Amance ait eu, par sa position, une origine analogue à celle de ses voisins de Dieulouard ou de Mousson. Ces derniers, en effet remontent également au XIe siècle, du moins pour les constructions en pierre, et furent bâtis ou rebâtis à proximité de l'ancienne grande voie prétorienne romaine de Lyon à Trêves.

Le nom d'Amance apparaît sous la forme Ahmantia dans une charte de l'abbaye de Sainte-Glossinde de Metz, en 875. Il réapparaît à la fin du IXe siècle dans l’Historia episcororum Virdunensium de Bertaire, puis de nouveau en 932 dans une charte de Sainte-Glossinde.

Le château d'Amance, Amantium castrum est signalé comme existant en 1033 par le P. Benoît Picard, dans son Histoire de Toul. Qui en était le seigneur à cette époque? On ne sait trop.

Henri Lepage était assuré « d'après les documents authentiques, que les comtes de Lunéville, dont l’un porte le nom de Folmar, furent les premiers seigneurs d'Amance, et qu'ils transmirent cette terre aux comtes de Bar, on ignore, de quelle manière[2].

Le premier document grâce auquel on puisse accepter comme une certitude l'existence du château d'Amance, date de 1076. Cette année-là, Pibon, évêque de Toul, à la prière de Sophie de Bar, affranchit le prieuré de Laître-sous-Amance, la chapelle du château d'Amance, les paroisses de Lay-Saint-Christophe, Eulmont, Seichamps et Blanzey de la dépendance de l'église de Dommartin, qui appartenait à l'abbaye de Sainte-Glossinde, et confirma les dons faits au prieuré ("[3]) : «   quamdam ecclesiam in honone beatae Maria quam ipsa [Sophia, -comitissa Barri] a fundamento construxerat sub castro Asmantiae dedicanto consecravi [      ]. Noverint igitur omnes ecclesiam beatae Mariae cum sua capella de castro ita liberam a dominis et principibus castri constitutam fuisse, quod néc censum néc respectum aliquem ecclesiae Tullensi debeat   ».

j'ai consacré en faisant sa dédicace, une église en l'honneur de Notre-Dame, qu'elle [Sophie; comtesse de Bar] a fait construire depuis les fondations, sous le château d'Amance {...}.

Sachent donc tous que l'église de Notre-Dame avec sa chapelle du château a été constituée en telle liberté, par les seigneurs et princes du château, qu'elle ne doit à l'église de Toul ni aucun cens ni aucune considération ("[4]). Dès cette époque, le comte de Lunéville n'avait plus aucun droit sur Amance. Cette charte nous apprend que le duc Thierry, aïeul de Sophie, possédait Amance par succession du comte Folmar probablement son beau-père ("[5]).

La capella sub Asmantia dont parle l'acte de 1076, fut donnée à l'abbaye de Saint-Mihiel en 1085 par l'évêque Pibon, en même temps que la chapelle castrale ([6]). L'exercice du culte a Amance serait donc assuré désormais par des clercs barrisiens de Saint-Mihiel ou nommés par l'abbé. Il est visible que la comtesse de Bar en obtenant ce transfert, tenait à resserrer de loin sa mainmise sur Amance en faisant resservir cette chrétienté par un clergé à sa dévotion. Sophie de Bar déployait une intense activité en faveur de ses châteaux et de leurs chapelles. Cette même année 1085, elle fit construire la fameuse chapelle castrale de Mousson et en 1090 fit édifier le château de Saint-Mihiel, destiné à protéger l'abbaye qu'elle n'avait cessé d'enrichir et de favoriser.

La donation de l'église d'Amance à cette abbaye fut renouvelée en 1137 par Etienne de Bar, évêque de Metz, qui s'intitulait seigneur et avoué d'Amance, dominus et advocatus Asmantiae. Il reconnaissait que son propre frère, Frédéric, qui apparaît sous le nom de comte d'Amance, dominus Fridericus, comes Asmantiae, frater meus, avait donné à l'abbé de Saint-Mihiel le prieuré de Laître-sous-Amance ([7])

Vers 1202, écrit dom Calmet, un traité de paix fut conclu entre Ferry II, duc de Lorraine, et Thiébaut Ier, comte de Bar, aux termes duquel Agnès, femme du duc de Lorraine, renonçait à la dot, constituée par son père, le comte de Bar, des châteaux d'Amance, Longwy et Stenay. Une modification du traité eut lieu le 29 octobre 1208 : on décida que le comte garderait ces châteaux sa vie durant mais qu'à sa mort le duc de Lorraine en deviendrait possesseur ([8]). A partir du début du XIIIe siècle, Amance fut considérée comme un fief lorrain, bien que le comte de Bar y eût gardé quelques droits. Le duc de Lorraine y séjourna souvent. C'est peut-être à cette époque, où le duc installa dans ce château quelques organes permanents de son gouvernement, que se rapporte l’épithète citée par Mercator, au sujet d'Amance : « Scrinium oliolim et antiqua Lotharingiae Cancellaria » , autrefois bibliothèque et ancienne chancellerie de Lorraine.

Le 25 juin 1218, épilogue de l'affaire de Rosheim, où le duc de Lorraine Thiébaut avait essuyé un revers devant Frédéric II, roi des Romains, le siège fut mis devant le château d'Amance. Le duc s'y était réfugié. Les assiégeants étaient les gens du roi des Romains et de la comtesse de Champagne, Blanche. L'affaire nous est contée par le chroniqueur Richer de Senones : « Fridericus vero, rex Alemannie, cum audisset, quod gens, ducis Lotharingie Rotsem « Rosheim » cum armis intraverat, etiam alia vice, nescio ante hoc factum vel post, cum magno exercitu Alsatiam vastaverat, collecta non parva multitudine equitum, Lothoringiam penetravit; et veniens ad castrum quod Amantiam dicitur, illud obsedit. Mandans vero pro comité Barrense et comitissa Campanie, ad ipsum properaverint; qui venientes apud Nanceium, ibidem pernocraverunt. Mane facto, totum oppidum illud igni succenderunt; deinde ad regem venientes, gratanter recepti sunt. Dux vero Theobaldus « ... » accepto consilio, ad regem inermis venit, et se ad pedes ejus inclinans ad regem inermis venit, et se ad Redes ejus inclinans, veniam petiit. Rex vero « .. » retinuit enim ducern cum quatuor militibus cum eo, et ad Alemanniam revertens, ducem cum eo quasi captivum ducebat, in omnen locum quo iturus erat », Frédéric, roi des Romains, ayant entendu dire que les gens du duc de Lorraine étaient entrés en armes à Rosheim et avaient dévasté encore une fois l'Alsace, j'ignore si ce fut avant ou après, avec une grande armée, rassembla une importante cavalerie et pénétra en Lorraine, et arrivant devant le château qui s'appelle Amance, l'assiégea. Il fit avertir le comte de Bar et la comtesse de Champagne qui se hâtèrent de le rejoindre. Arrivés à Nancy, ils y passèrent la nuit. Le matin venu, ils livrèrent toute cette place aux flammes, après quoi ils s'en furent auprès du roi qui les accueillit avec .reconnaissance. Quant au duc Thiébaut, après avoir pris conseil, il vint trouver le roi, sans armes, et se prosternant à ses pieds, implora son pardon. Mais le roi « ... » retint cependant le duc, avec quatre chevaliers seulement avec lui, et dans son voyage de retour en Allemagne, il traînait le duc avec soi, comme un prisonnier, en tout lieu où il devait se rendre ([9])

Le 8 juin 1226, la duchesse Agnès, fille de Thiébaut Ier, comte de Bar et mère de Mathieu II, duc de Lorraine, fit son testament. Elle léguait à Mathieu ses châteaux de Longwy et d'Amance qui étaient de son « alleu » : « Legavi praeterea filio meo Mathaeo duci Loth. et March. castrum de Longwy et de Amancia, quae de allodio meo sunt, cum universis utriusque appenditiis, ». Mais Mathieu devait laisser la moitié des revenus à son frère, Jacques de Lorraine, en attendant la promotion de ce dernier à l’épiscopat. Il devint évêque de Metz en 1239 ([10]).

Entre le comte de Bar et le duc de Lorraine, la guerre régna à l'état endémique durant une bonne partie du XIIIe siècle. Les quelques droits que gardait à Amance le comte de Bar constituaient un casus belli dangereux. En 1230 (9 décembre), Philippe Hurepel, comte de Boulogne et Thibaut, comte de Champagne, arbitrèrent une paix qui fut conclue entre le comte de Bar et le duc de Lorraine. Le duc dut restituer au comte de Bar la porte que Thiébaut Ier s'était réservée pour ses entrées personnelles au château d'Amance, en constituant la dot d'Agnès de Bar. Cette porte, le duc de Lorraine lui en avait contesté la possession et la guerre était sortie de là. De plus, le duc dut promettre de faire combler les fossés qu'il avait fait creuser à Amance, et s'engager à participer de moitié avec le comte de Champagne aux frais de réparation des dégâts qu'ils avaient commis au pont et à la forteresse de Mousson ([11]). C'était une paix fourrée avant la lettre et la guerre éclata de nouveau. Trois ans plus tard, le 30 août 1233, une nouvelle paix entre les deux mêmes fut arbitrée par le duc de Bourgogne : le duc de Lorraine devait rendre au comte ses possessions d'Amance et démolir les fortifications construites avant que le comte ne se fût retiré de l'hommage du duc à Troyes (1[12]) Cette dernière clause nous donne à penser soit que le duc de Lorraine fit effectuer de nouveaux travaux militaires peu après décembre 1230, soit — et c'est infiniment probable — qu'il n'avait pas respecté les clauses du précédent traité.

A partir de cette période, de nombreux changements durent intervenir dans l'inféodation du château et leur détail nous échappe en partie. Dom Calmet écrit qu'en 1234, il était tenu en fief par Gautier de Vignori, gendre de Ferry II, et qu'il relevait du comte Renault de Choiseul ([13]). En 1264, Ferry III de Lorraine, pour marquer son hostilité au comte de Bar alors en difficulté avec le comte de Luxembourg, rendit hommage à ce dernier, le 5 août, pour les vieux fiefs d'Amance et de Longwy ([14]) En 1265, le 2 avril, Amance reçut du duc de Lorraine une charte de Franchise du type de celle de Beaumont-en-Argonne : cela se fit avec l'accord de Thibaut V de Champagne, alors suzerain d'Amance ([15]).

Un acte de Charles II, duc de Lorraine, du 8 avril 1411, adressé aux habitants de MazeruIles-sous-Amance, nous renseigne sur la garde du château par les paysans de la châtellenie. On y lit en effet : « Et doient les hommes et habitans d'icelle ville de Mazeruelles warder garder les portes de nostre ville d'Amance quant la banière est fuer sortie, laquel chose nos prédécecesseurs ducz de Loherainne ont aussi usey... ([16]) ».

Par le traité du 15 octobre 1473, Amance fut livrée par le duc René II à Charles-le-Téméraire. Un roi vint même alors y résider quelque temps : il s'agissait d'Alphonse V, roi de Portugal. Ce prince nourrissait l'ambition de réconcilier le Téméraire avec le roi de France Louis XI, pour que ce dernier favorise sa politique en Castille ([17]

En 1607 (avril 24), Othon comte Sauvage du Rhin, alors possesseurs d'Amance, vendit le château au duc Charles III de Lorraine. Charles IV en fera don à la famille de Sureau ([18]

Comme tous les châteaux lorrains, celui d’Amance eut ses châtelains, officiers seigneuriaux chargés d'assurer la défense des forteresses, de guider l’ost des paysans et quelquefois d'administrer les châtellenies, en joignant à leurs fonctions de châtelains celles des prévôts. Lesplus anciens châtelains d'Amance furent Becelin puis André, qui vécurent à la fin du XII" siècle, c'est-à-dire à l'époque où Amance était encor dans le domaine des comtes de Bar. « Tous deux étaient vassaux de l'abbaye de Gorze. La famille se perpétua sous les ducs de Lorraine et en octobre 1286, André d'Amance, sire de Biencourt, devint homme lige du comte de Bar ([19]) »

La prévôté d’Amance, comme la majorité des prévôtés du duché de Lorraine, n'a pas laissé de comptes antérieurs à la fin du xve siècle. Le plus ancien compte d'Amance couvre les années 1477-1492, et il est rendu par deux cellériers : Jean Petitpain et Jean Gerlet. Dans le compte suivant, celui de 1494-1495, Jean Gerlet est receveur d'Amance. En 1499-1500, le même Jean Gerlet se nomme receveur de la prévôté d'Amance ([20]

Dans le Dénombrement du duché de Lorraine rédigé par Thierry Alix, en 1954, la prévôté et châtellenie d'Amance fait partie du bailliage de Nancy et comprend quarante deux localités dont la principale était Château-Salins. Avec la prévôté et châtellenie de Rosières, celle d'Amance était la plus importante du bailliage de Nancy ([21]).

Comme chef-lieu d'une châtellenie, le château d'Amance était le point de ralliement, en cas de conflit armé, de l'ost fourni par les villages qui en dépendaient. Les paysans étaient semons d'avoir à s'y rendre, soit par cri, soit à son de cloche, comme c'était l'usage aux châteaux de Prény et de Mousson (les célèbres cloches Mandeguerre), soit autrement, par exemple par le déploiement d'une bannière, comme on l'a vu plus haut. Quant aux nobles, ou plus exactement aux fieffés, car le terme de noble est impropre, en cas de guerre, ils étaient requis de fournir du service militaire, leur service étant considéré plus comme une redevance féodale que comme une contrainte servile, à laquelle seuls les paysans étaient assujettis. Aux XIIIe et XIVe siècles, le service militaire des fieffés était proportionné, plus ou moins arbitrairement, à l'importance du fief, lequel était, soit une terre, soit un fief de bourse, c'est-à-dire un revenu annuel, en argent ou en nature, assigné en fief sur une source de revenus domaniaux déterminée. Le nom de ces fieffés ainsi que la durée du service dont ils étaient éventuellement redevables, nous est connu par les actes de reprise de fief ou lettres reversalles qui étaient établis le plus souvent lors du décès d'un titulaire. Son successeur, ayant reçu l'agrément du seigneur, au moment où il recevait l'investiture du fief, passait un acte écrit, devant une juridiction, dans lequel il avouait le nom du seigneur dénombrait son fief et reconnaissait le tenir duditseigneur moyennant un nombre déterminé de jours ou de semaines de garde au château, considéré comme membre de la juridiction seigneuriale, dont le fief mouvait. L'acte écrit portant indifféremment les noms de reprise, rêver salle, aveu, dénombrement, reconnaissance, était déposé dans le trésor des chartes du seigneur ayant reçu l'aveu, au nombre des titres des fiefs. Ainsi sont parvenus jusqu'à nous les noms de Milians de Lay, en 1290, Thierry de Lay, en 1293, Wautrin de Laître-sous-Amance, en 1298, qui reconnurent devoir six mois de garde par an au château d'Amance, chaque fois qu'ils en seraient requis, et celui d'Henri de Serrières, en 1333, qui ne devait qu'un mois ([22]).

Le site d'Amance est bien connu. Le village domine la plaine d'une hauteur de 170m, d'où l'on découvre un des plus vastes et des plus magnifiques panoramas de la région. Au pied de la côte coule l'Amezule, au nom latin significatif d'Asmantiola, Elle se jette dans la Meurthe à Lay-Saint-Christophe. L'emplacement du château et le village sont situés sur un éperon barré.

Le château d'Amance a disparu depuis longtemps et il ne semble guère possible de connaître un jour quelle forme il avait au XIIe siècle. Dom Calmet, se fondant sur on ne sait quel témoignage, assure qu'il était de forme pentagonale et muni de cinq grosses tours d'angle. On peut conjecturer sans grand risque d'erreur qu'il se constitua primitivement d'un donjon entouré d'une chemise comme ses contemporains de Mousson et de Prény. Il subit au cours des âges de grandes transformations. Les comptes de la prévôté nous renseignent quelque peu, sans nous éclairer pour autant, sur les travaux d'entretien qui y furent effectués. En 1523-1524, on répara la maison de la porterie du château. En 1584, le prévôt Nicolas Jacquet faisait observer aux gens de la Chambre des comptes qu'il y avait nécessité de travaux de réfection aux toitures des tours et porteries, à la tour carrée de la porte d'En-Bas, à la tour de la porterie, qui avaient été découvertes par la violence des vents. En 1610, Jean Dattel, prévôt d'Amance, notait des dépenses effectuées pour réparations aux beffrois, porteries et aux trois tours d'En-Haut.

Henri Lepage a laissé une description du château : « Amance avait deux portes et une poterne; la porte, placée à l'ouest, dans la partie basse de la ville, se nommait porte en bas ; celle du côté de l'orient, dans la partie la plus élevée de la ville, était désignée sous le nom de porte en haut. Ces dénominations se sont conservées et subsistent encore à présent dans le langage des habitants. Dans les commencements de la première révolution, les portes ont été démolies pour servir de matériaux à des constructions; elles avaient 15 pieds de Lorraine de voie, 8 à 9 pieds de largeur, de face de maçonnerie, et 12 pieds de hauteur ([23]) ».

A la fin du XVIIIe siècle, l'emplacement du château appartenait au sieur André Chappé, avocat au Parlement de Nancy. Ce propriétaire, désireux d'obtenir un revenu de ce terrain, fit araser le monticule où il se trouvait. Un acte d'accensement du 7 juin 1776 comporte un plan exact du terrain en question, sur lequel on distingue parfaitement celui des murailles du château ([24]). Il avait la forme d'un octogone irrégulier muni de tours d'angle. A quelques endroits, dans le village actuel, on distingue des pans de maçonnerie ayant appartenu à cette construction. Lepage estimait qu'elle était l'œuvre du duc Mathieu II et affirmait que les murs avaient presque partout une épaisseur de 2,27 m. Le château mesurait environ 33 mètres de longueur et 19 mètres de largeur. Il était entouré de fossés.

Au centre de ce dispositif devait se trouver un donjon, comme au château de Dieulouard, dont il se rapproche beaucoup par sa forme, mais s'il a réellement existé, il a dû être détruit avant le XVI siècle, car aucun document de comptes ne le mentionne. Il ne reste pas davantage de traces de la chapelle castrale, qui existait, comme on l'a vu, au XIe siècle.

Hubert COLLIN

Le Pays Lorrain n° 3 de 1965. 64, Grande rue 54000 NANCY avec l'aimable autorisation de l'auteur.

Article de Henri LEPAGE en 1850

[1] SCHRAM, dans Jahrbuch. der Gesellschaft fûr Lothringische Geschichts- und Altertumskunde, 1903, p.483. Albert GRENIER, Cahiers lorrains, 1932, pp. 1-2, et Les voies romaines, tiré à part de la Revue des Cours et Conférences, Paris, 15 et 30 mars 1931, in-8o. A, DEDENON, Voies gallo-romaines dans le bassin de la Meurthe, dans Revue historique de la lorraine, 1930, pp 198-217.

[2] . H. LEPAGE, Le. département de la Meurthe..., Nancy, 1843, in-80, deuxième partie, p. 15. Idem, Dictionnaire topographique du département de la Meurthe..., Paris, 1862 in-80, p. 4.

[3] M. GROSDÏDIER DE MATONS, Catalogue des actes des comtes de Bar de 1022 à 1239, Paris, 1922, in-8°, n° 20

[4] Cartulaire de Saint Mihiel, éd. André LESORT, dans Mémoires et documents publiés par la Société nationale des Antiquaires de France, Mettensia VI, Paris, 1909-1912 in-8~, pp. 150 sqq.

[5] « Theodoricus dux, comitissœ avus, qui jure hereditaro comiti Folmario in Asmantia successif » , cf. R. PARISOT. Les origines de la Haute-Lorraine, Paris, 1909, in-8°, p. 201

M. GROSDIDIER DE MATONS, Le comté de Bar..., Paris, 1922 in-8° p. 90.

[6] Cartulaire de Saint-Mihiel, op. cit., pp. 163 sqq. et Jacques CHOUX, Recherches sur le diocèse de Toul... L’épiscopat de Pibon {1069-1107). Recueil de documents sur l'histoire de Lorraine, t. XXIII, Nancy, 1952, in-8°. Regestes, n° 39 )

[7] Cartulaire de Saint-Mihiel, op. cit., pp. 291 sqq

[8] Dom CALMET, Notice de la Lorraine..., Nancy, 1756, 2 vol. in-fol-, art. Amance. Bibl. nat. ms. fr. 11853, Cartulaire du comté de Bar f°s 261 r°262 r°

[9] . Richer de SENONES, Chronicon, lib. 3, cap. 23. M. G. H., Scriptores, t. 25, p. 299.

[10] . Dom CALMET, Histoire de Lorraine..., 1728, 3 vol. in-fol., t. Il, pr. col. 438. LE MERCIER DE MORIÈRE, Catalogue des actes de Mathieu II, duc de Lorraine. Recueil de documents sur l'histoire de Lorraine, t. XVII, Nancy, 1893, m-8°, n° 67.

[11] GROSDIDIER DE MATONS. Catalogue..., op. cit., n° 44.

[12] Ibidem, n° 467

[13] Dom CALMET, Notice..., op. cit.

[14] GROSDIDIER DE MATONS, Le comté de Bar..., op. cit., pp. 359-360.

[15] Ch.-Edm. PERRIN, Catalogue des chartes de franchise de la Lorraine..., dans Annuaire de la société d'hist. Et d'archéol de la Lorraine, t. XXXIII (1924), pp. 269-413, n° 108.

[16] Arch. dép. M.-et-M., B 494, n° 13, l. 4.

[17] Chr. PFISTER, Histoire de Nancy, Paris-Nancy, 1902, 3 vol. in-4°, t. l, p. 446.

[18] Arch. dép. M.-et-M., B 494, n° 52.

[19] . GROSDIDIER DE MATONS, Le comté de Bar..., op. cit.., p. 556.

[20] Arch. dép. M.-et-M., Comptes d'Amance, B 2082 à 2306 (années 1477 à 1669, comptes de la prévôté et de la gruerie).

[21] . Édition H. LEPAGE et E. A. DE BONNEVAL, dans Recueil de documents sur l'histoire de Lorraine, t. XV, Nancy,1870 in 8°

[22] Arch. dép. M.-et-M., B 377, fos. 54 v", 55 r<>, 72 ~61 v°.

[24] Arch. dép. M.-et-M., B 11163 à 11175, n° 17

 

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