MONTHEU

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Dictionnaire de LEPAGE 1853

MONTHEU (le). On lit dans un manuscrit intitulé : Le Héraut de Lorraine : « Montoy ou Montheu ; porte palé[1] d’or et d’azur ; maison éteinte. — Le Montoy ou Montheu est un finage et territoire en droits de haute justice, moyenne et basse, où il ne reste plus qu’une maison seigneuriale et le signe patibulaire[2], contigu et dépendant de la terre et châtellenie de Dommartin-sous-Amance. Autrefois il y avait audit Montoy un château et un village appartenant en droit de franc alleu[3] au comte Olry, le fils duquel, appelé Thiedrich, vendit pour 60 livres son droit de franc alleu du Montoy au duc Mathieu II (1220-1251) et promit d’en relever et reprendre de lui à cause de son château d’Amance, en tous droits de haute justice[4], moyenne et basse » (Notes Dupont.)

J’ai rapporté, à l’article Dommartin-sous-Amance, un diplôme de l’an 875, duquel il semble résulter que le Montheu existait déjà à cette époque éloignée, et portait alors le nom de Montegu.

En 1298, Vautrin, dit de Laître-sous-Amance, écuyer, déclare avoir reçu 50 livres de toulois du duc Ferry, duquel il a repris la grange dite Montheu, près Dommartin-sous-Amance, avec les gagnages et bois en dépendant. (T. C. Fiefs de Nancy.)

Le 5 avril 1494, Thiéry des Armoises et Barbe d’Oriocourt, sa femme, cèdent à Varin de Clémery et à Claude, sa femme, ce q’ils ont eu la terre et seigneurie de Malzéville en contr’échange de la seigneurie de Montheux avec le gagnage et ses dépendances, sis sous Amance (T C. Amance.)

En 1554, Mengin de Saulxures grand fauconnier de Lorraine, possédait les seigneuries de Dommartin et de Montheu.

Le 11 mai 1628, Anne de Marcossey, veuve du sieur de La Lowe, les vendit, pour la somme de 100,000 francs de principal et 61 pistoles d’Espagne pour ses épingles[5], à Jean Perrin, conseiller d’Etat et maître des requêtes ordinaires en l’hôtel du duc Charles IV, et à dame Françoise Jacob, sa femme.

Le Montheu resta dans cette famille jusqu’à la fin du XVIIe siècle, ainsi que l’attestent des actes de foi et hommage des années 1663 et 1683, donnés par Jean Perrin, écuyer, docteur en decine ; Nicolas Rousselet, à cause de Marguerite Perrin, sa femme; Anne Bourgeois et Claude Odot, filles majeures.

Ensuite d’un partage de famille, fait le 18 mars 1684, la seigneurie du Montheu devint la propriété de Louis-Charles Germiny, conseiller à la Cour Souveraine, à cause de dame Anne-Catherine Odot, son épouse; il en fit ses reprises le 14 avril 1700. D’autres actes de foi et hommage furent donnés par Philippe-Charles Germiny (7 janvier 1721); Louis-Léopold-Charles de Germiny, écuyer, et Charles-Elie de Jouard, chevalier, seigneur du Maignou, chevalier de Saint-Louis, major de la ville de Toul, à cause d’Anne-Béatrix de Germiny., sa femme (29 janvier 1772).

Louis-Léopold de Germiny, ancien officier pour le service de France, et dame Béatrix de Germiny, veuve et douairière de M. du Maignou, possédaient encore la terre du Montheu en 1789. On lit dans un procès-verbal de plaids annaux tenus en leur nom, le 26 octobre de cette année:

« Les droits seigneuriaux consistent dans le droit de créer des maire et gens de justice dans ledit lieu de Montheu ; de créer aussi le premier paulier[6], de recevoir son serment pour lever les dîmes du ban... Les seigneurs dudit Montheu ont droit de dîmer les cochons et agneaux au 22ème.

« Les demeurants en la maison seigneuriale du Montheu ont droit de prendre part ès bois de la Voivre, situés au ban d’Amance, sous la juridiction du gruyer[7] dudit lieu ; lesquels bois sont les bois communaux de la paroisse de Dommartin, Amance et Laître, dont chaque village y prend part à proportion des conduits, en conséquence d’une transaction passée avec les habitants le dernier mai 1594.

« Lesdits seigneurs et les demeurants dans ladite maison seigneuriale ont droit de prendre part aux profits et biens communaux de Dommartin, sans obligation de contribuer aux dettes de ville.

« Lesdits seigneurs ont droit de troupeaux à part... Les troupeaux du Montheu peuvent, par droit de parcours, aller vain pâturer[8] sur les bans voisins jusqu’à l’écart des clochers.

« Lesdits seigneurs ont droit de lever 2 francs un peu avant les moissons, ou un repas à leur choix, à prendre par leur admodiateur sur les fermiers des dîmes de l’abbesse de Sainte-Glossinde de Metz.

« Lesdits seigneurs ont droit de revêtures[9], agrimentations[10], abornement, retroussement[11] et connaissance des mésus[12] champêtres, privativement de l’abbesse de Sainte-Glossinde de Metz, par départ de cour du 20 juin 1441.

« Ont droit de revêture, comme il est dit ci-dessus, à chaque mutation d’immeubles, acquets, successions, vendages[13], échanges et donations lequel droit consiste en deux septiers[14] de vin rouge, payables dans 40 jours, à peine de commise[15].

Il appartient à ladite seigneurie le bois de Rougibois et du Haut-du-Mont... Il en dépend deux cantons appelés le bois des Termes ou du Prayou, et le bois du Pendu, où est le signe patibulaire... »

Un procès-verbal dressé, le 1er avril 1761, par le juge-garde de la seigneurie du Montheu, porte que le signe patibulaire de cette seigneurie, élevé dans l’endroit appelé la Haie du Pendu, étant tombé, il l’a fait relever, accompagné des maire et gens de justice, « en présence de M. de Mori, chevalier, seigneur d’Elvange, trouvé sur les lieux, » lequel a apposé sa signature au bas de ce procès-verbal.

Deux titres, l’un du 28 mai 1721, l’autre du 19 mars 1751, établissent que l’admodiateur[16] du Montheu était exempt de la subvention[17].

[1] Terme de blason. Écu palé, écu meublé de plusieurs pals, partagé par un pal. Pal : Terme de blason. Pieu posé debout, qui divise l'écu de haut en bas.

[2] Qui a rapport au gibet.

[3] Franc-alleu, bien héréditaire exempt de tout droit seigneurial.

[4] Les justices seigneuriales étaient de trois sortes : la haute, la moyenne et la basse. La haute justice est celle d'un seigneur qui a pouvoir de faire condamner à une peine capitale, et de juger de toutes causes civiles et criminelles, excepté des cas royaux. La moyenne justice a droit de juger des actions de tutelle et injures dont l'amende ne peut excéder 60 sous. La basse justice connaît des droits dus au seigneur, du dégât des bêtes et injures dont l'amende ne peut excéder 7 sous 6 deniers, et on l'appelle autrement justice foncière.

[5] Don ou gratification qu'on accorde à une femme pour quelque service rendu.

[6] Dîmeur, personne chargée de percevoir la dîme.

[7] Juge forestier.

[8] Droit de vaine pâture, ou droit de parcours et de vaine pâture, droit qu'a tout propriétaire d'une commune de faire paître son bétail sur les terrains non clos ou non actuellement cultivés des habitants de la même commune.

[9] ou revestage ou revestement, droit dû au seigneur par les nouveaux propriétaires en certains villages.

[10] Ou agrimensation : Arpentage

[12] Terme de jurisprudence. Mauvais usage

[13]  Action de vendre. Lesdits vendeurs seront tenus se trouver en ladite place des halles, sur peine de perdre leur droit de vendage, Règlem. du parlem. 20 février 1610.

[15] Terme de jurisprudence féodale. Confiscation d'un fief au profit du seigneur, faute, par le vassal, de rendre les devoirs auxquels il était tenu.

[16] Fermier (y compris de l’impôt).

[17] Secours d'argent accordé ou exigé pour subvenir à une dépense imprévue de l'État dans un cas pressant.

 

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