Adduction d'eau

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Village sur le rebord d'un plateau, Amance n'a jamais manqué d'eau, car une maison sur deux avait un puits permettant d'atteindre la nappe phréatique. Mais l'adduction d'eau nécessitait le captage de sources toutes situées en contrebas, et le pompage (trait rouge) vers un réservoir situé au-dessus du village (altitude 407m). La solution retenue pour la première adduction d'eau, depuis la fontaine du Houchot (altitude 315 m)  était donc très complexe. L'actuelle, mise en place par le Syndicat des eaux du Grand Couronné  ne l'est pas moins, puisque l'eau utilisée est désormais celle de la nappe phréatique du grès vosgien, à 800 mètres de profondeur par rapport à l'altitude m  (trait jaune).

Allocution d'inauguration par Charles MUNIER, maire d'Amance en 1937 :

 

Mesdames, Messieurs,

Située sur les flancs du "Grand Mont" notre commune s'est bien souvent intéressée à son alimentation en eau. Il y a plus de 30 ans que cette question, enfin heureusement résolue aujourd’hui, est à l'ordre du jour.

C'est, en effet, en mai 1907 que pour résoudre cet angoissant problème le Conseil municipal de l'époque ouvrait à la disposition de M. THIRION, agent voyer cantonal un crédit pour l'étude d'un projet qui devait coûter 40.000 Francs. A cette époque, on prévoyait le refoulement de l’eau par une éolienne. Le projet était fort modeste : on envisageait l’alimentation de deux abreuvoirs et de deux lavoirs. Mais la difficulté fût de trouver des emplacements convenables : c’était un problème insoluble car si chacun voulait profiter de l'eau, personne ne se souciait d’accepter le voisinage d’un abreuvoir et encore moins celui d’un lavoir !

De stériles palabres s’éternisèrent jusqu'à la guerre, la population se divisait en deux camps sur ce projet, puis les prix montaient déjà, la dépense en 1914 était évaluée à 80. 000 Francs.

Puis ce fut la grande tourmente, notre ancien projet fut renvoyé à des temps meilleurs. Cependant, l'Armée hésitait à une certaine époque à le réaliser pour le besoin des troupes cantonnées à Amance, mais bientôt les ingénieurs militaires eurent une autre conception : ils pensèrent capter dans une galerie de la mine une abondante source qui, jaillissant dans le toit de cette galerie, disparaissait dans une faille. Les travaux furent commencés, un réservoir, des tranchées ouvertes, puis les ordres vinrent d'arrêter ce qui était ébauché ... nous n'avons jamais su pourquoi.

Au lendemain de l'Armistice, un troisième projet nous fut présenté par un ingénieur hydraulique, M. PETITJEAN. II s'agissait de nous alimenter grâce au trop plein du captage de Moulins, captage qui alimente le Syndicat des eaux de la Seille. Mais les dirigeants de cette collectivité, et aujourd'hui nous les en remercions, ne consentaient à nous accepter dans le sein de leur Syndicat qu'à la condition formelle de nous; faire payer à 0 fr.50 le m3 l’eau de leur trop plein. Ce prix était d'ailleurs encore à majorer des frais de pompage pour le refoulement jusqu’à notre Commune. Ces frais étaient au moins aussi élevés que ceux que nous supporterons maintenant, en utilisant une eau ne nous coûtant rien.

Enfin, ce fut au Génie Rural que nous nous sommes adressés. Ce service établit un nouveau projet, le 4ème ; c’était du temps de M. GILLIARD, ingénieur en chef. Ce projet prévoyait la répartition de l'eau par bornes fontaines avec deux lavoirs-abreuvoirs et quelques concessions. Le projet fut admis, mais il toutefois il était critiquable en ce sens que seuls certains privilégiés auraient pu avoir de l'eau à domicile et une lourde charge aurait dû être imposée aux contribuables fonciers notamment aux propriétaires forains qui n’auraient eu que des charges sans profit. Néanmoins, ce fut sur les bases d’un tel projet que les travaux de captage furent entrepris sous l’habile direction de M. BOURDIER aujourd’hui ingénieur en chef du Génie Rural à Vannes.

Le projet en était là, captage exécuté, quand M. BRUNOTTE fut nommé à Nancy. Je l’avais déjà rencontré à diverses réunions agricoles à Nancy, mais il vint un matin, rapidement, à Fleurfontaine, pour assister à la réception définitive des travaux de captage.

Du pays, il sut de suite nous apporter avec son expérience une conception nouvelle et je suis heureux aujourd’hui de l'en féliciter et de l'en remercier publiquement.

Sa conception fut : donner à tous la possibilité d’user de l’eau, éviter le gaspillage et faire payer à chacun ce qu’il userait de façon à équilibrer par les recettes de l’eau, les dépenses de l'eau.

Ce sont sur ces bases que le Génie Rural établit un nouveau projet, ce furent MM. MASSICOT et GIRARD qui remirent au point le dossier et enfin vînt la subvention de l"État : 60 %.

Les travaux furent adjugés, exécutés, mais c'est de l'histoire locale trop récente pour que tous vous n'ayez encore présent à l'esprit notre village défoncé par les tranchées .... II faut quelques fois souffrir pour être mieux après.

Vous avez vu M. WARGNIER, notre Ingénieur du Génie Rural, toujours souriant venir surveiller par tous les temps, à toutes les heures, nos entrepreneurs : MM. BARINET, SOULIER, Société WORTHINGTON.

Mais je m’en voudrais d’oublier une autre question ; pour financer notre projet nous avions réservé des indemnités de dommages de guerre... or, faute d'exécution de notre projet dans un certain délai, nous étions forclos et depuis décembre 1933 nous ne pouvions demander le paiement des sommes qui nous avaient été allouées.

C'est grâce à la compréhension bienveillante de M. TERRET, chef du Service des dommages de Guerre du Département ;et aux nombreuses démarches tant de M. BRUNOTTE que d’un de ses anciens collaborateurs du Service du Contrôle des Coopératives, M. MUNIER, que notre forclusion fut levée.

Enfin, notre projet était en voie de réalisation et nous avions de quoi le payer.

Aujourd’hui tous ces mauvais rêves et ces hésitations de tant d’années sont passés. Nous sommée en face des réalités. Les résultats acquis dépassent les prévisions : nous avons 87 concessions pour 83 ménages. Nos ingénieurs vous diront sans doute mieux que moi la technique et l’économie de notre projet. Il est réalisé, nous en sommes fiers.

Et Mesdames et Messieurs il me reste à vous remercier pour la confiance que vous avez bien voulu accorder à votre Conseil Municipal et à moi-même. C'est cette confiance qui nous a encouragés à persévérer et à mener à bien cette oeuvre dont nous pouvons nous réjouir aujourd’hui. Merci à vous tous qui avez supporté sans trop murmurer la pénible gêne que vous imposaient les travaux, c'est là le plus beau témoignage le la concorde et de l'union de tous vers l'amélioration de nos conditions d’existence.

Je vois à votre santé à tous, à la santé de tous ceux qui ont pris part à l’œuvre accomplie, à celle de MM. les Ingénieurs du Génie Rural BRUNOTTE et WARGNIER, à la santé de M. TERRET, de M. NOEL le dévoué chef de bureau de notre Préfecture auprès de qui je trouve toujours le plus grand dévouement pour notre Commune, à la santé de nos entrepreneurs M. BARINET, M. SOULIER, M. MANGE, à leurs collaborateurs GILBERT ET NICOLAS et à celle de tous ceux qui à un titre quelconque ont participé à l’œuvre accomplie.

Vive le Génie Rural, Vive AMANCE . Vive notre Lorraine et par dessus tout vive la FRANCE.

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